D’abord parce que le jean français a le mérite d’exister ! Il faut saluer l’audace et le courage des fabricants qui ont choisi le Made in France, ou ne l’ont jamais abandonné malgré le déclin dramatique de l’industrie textile dans les années 1990. La filière du jean français est aujourd’hui présente partout : dans la Drôme (1083), en Normandie (Kiplay et Le Gaulois Jeans), en Île-de-France (La Gentle Factory), dans l’Est (Dao Davy) … Et bien sûr dans les Cévennes, qui en sont le lieu historique, avec Atelier Tuffery, le pionnier du jean français à la fin du XIXe siècle.
Tenter de résister ou s’installer sur un marché gigantesque (88 millions de pièces vendues chez nous en 2021), dominé par des grandes marques étrangères : pari gagnant ou folie ? En tout cas, l’enjeu pour notre pays est à la hauteur des risques pris par ces fabricants : rien moins que la renaissance de notre industrie textile, avec à la clé la sauvegarde d’entreprises et la création de nombreux emplois locaux, appuyée sur des moyens de formation, interne ou externe comme l’école du jeans fondée en 2018 à Romans, dans l’Isère, à l’instigation de 1083.
Tout en contribuant à la réindustrialisation de notre pays, l’acheteur de jeans fabriqués dans l’hexagone participera également à la sauvegarde de la planète. Avant d’arriver jusqu’à nos dressings, ils ne passent pas par plusieurs continents, en parcourant jusqu’à 65 000 km : de la filature au délavage, ceux de la marque 1083 sont, comme son nom l’indique, confectionnés pour nous à moins de 1083 km, distance entre les deux villes les plus éloignées de l’hexagone. La confection de ces produits français se distingue non seulement par ses circuits courts, mais aussi par le souci de l’humain et des ressources naturelles. Pour ne parler que de l’eau, sa consommation pour fabriquer un jeans en coton biologique certifié GOTS n’a rien à voir avec celle du coton conventionnel (qui peut s’élever jusqu’à 20 000 litres pour un seul jean !), surtout avec le progrès du délavage au laser, et elle ne risque pas d’être polluée. Mieux encore : l’utilisation de coton recyclé, que ces marques engagées développent de plus en plus. Et ce n’est pas fini ! 1083 a lancé un modèle consigné et recyclable à l’infini, et il met en accès public son modèle de poche réparable, pour que n’importe quel autre fabricant puisse l’utiliser ou s’en inspirer. Mais saviez-vous aussi que des jeans sont tissés et fabriqués désormais dans des matières que l’on trouve dans notre pays, comme la laine, le chanvre et le lin ? Il est le 2e producteur mondial de chanvre, et la filature du lin, dont il est le premier producteur mondial, vient d’y renaître ! Ce sont encore des filières agricoles et industrielles qui renaissent chez nous, grâce à vos achats chez des fabricants comme Atelier Tuffery, Dao et 1083.
Choisir un jean français, c’est opter pour des matières naturelles, le plus souvent bio, qui garantissent des produits sains. C’est aussi bénéficier de la qualité du Made in France, garantie par la préservation des savoir-faire et par des normes de confection et de qualité très exigeantes. C'est enfin pouvoir choisir une teinte uniforme, qui se délavera naturellement à l'usage, pour lui donner un style unique : le vôtre !
De nos jours, on trouve des jeans français chez de nombreuses marques, spécialistes ou non : Atelier Tuffery, 1083, Dao, Kiplay Vintage, Bolid'ster, Le Gaulois Jeans, La Gentle Factory, Ecclo, Alliées …
Homme ou femme, vous aurez le choix entre toutes sortes de modèles, qui diffèrent par leur taille, haute, classique ou basse, leur style moderne ou vintage, et surtout leurs coupes très diverses : regular, slim, skinny, mom, boyfriend, flare ou bootcut (pour se limiter aux appellations anglaises !). Son jeans, on le choisit d’abord parce qu’il nous plaît, parce qu’on a envie de suivre la mode, ou parce qu’il est confortable !
Aujourd’hui, il arbore des couleurs très variées. À l’indigo, sa couleur d’origine, se sont ajoutées plusieurs nuances de bleu : Atelier Tuffery s’est inspiré de celui d’une voiture mythique : l’Alpine ! Il en fabrique aussi des blancs, très classe. Le noir, devenu incontournable pour son chic, se trouve partout.
Le choix est aussi une question de matières. Si à l’origine, le denim était un mélange de soie et de laine, aujourd'hui, nos jeans sont surtout en coton, et plutôt bio. À cette matière naturelle, on ajoute souvent un minimum de matière synthétique telle que l'élasthanne, nécessaire pour assurer élasticité et confort dans les coupes ajustées. Certains sont confectionnés à partir de tissus revalorisés ou de fibres recyclées, comme chez 1083, La Gentle Factory, Alliées, Le Nœud Vert ou Ecclo. D’autres matières proviennent de nos régions : la laine, le lin et le chanvre. Elles sont mises à l’honneur par Atelier Tuffery, Dao et 1083.
Un jeans français, pour homme ou femme, coûte en moyenne entre 100 et 140 €. Les jeans originaires de l’hexagone ne sont donc pas plus chers que ceux des grandes marques de mode provenant de l’étranger.
Comment est-ce possible ? Il faut savoir que derrière ce prix, il y a la recherche d’un prix « juste ». Désireuses d’offrir la qualité Made in France au meilleur prix pour le consommateur, les marques réduisent leurs marges et des coûts comme celui des intermédiaires (d’où le développement de la vente en ligne) ou de la publicité. Et si l’on ne trouve pas de jean fabriqué en France à très bas prix, c’est surtout parce qu’un « prix juste » et un produit de qualité supposent aussi un niveau des salaires respectueux de l’humain et de l’environnement. Mais grâce au rapport qualité-prix qui caractérise le Made in France et à la durabilité du jean fabriqué en France le consommateur s'y retrouve. Sans parler du fait que le coût pour la planète est limité par les engagements et actions écoresponsables des fabricants, qui vont bien au-delà de la législation de notre pays, pourtant déjà parmi les plus exigeantes au monde.
D’après le Dictionnaire historique de la langue française, le nom américain « jeans » vient de l’ancien français « Jannes », modifié par la prononciation anglaise, et ses multiples façons de la transcrire. N’en déplaise à ceux qui vous expliquent qu’on dit « un jean » et « des jeans » ou qui invoquent l’usage anglais du pluriel pour les habits à deux jambes (« trousers » signifie pantalon), le « s » de « jeans » n’est pas plus une marque du pluriel que dans « Jannes ».
Et pourquoi donc ? Parce que le mot Jannes désignait la ville appelée aujourd’hui Gênes. C’est de là qu’à partir du Moyen Âge fut exporté un tissu bleu fait de coton mélangé avec du lin ou de la laine. Il était enregistré sous le nom de sa ville d’origine, écrit de différentes façons en Angleterre. On y a retrouvé par exemple le mot « Geanes » dans les registres d’un tailleur du XVIIe siècle. Au XVIe siècle, les Anglais, suivis au XIXe par les Américains (qui auparavant importaient la production anglaise), lancèrent leur propre production de ce tissu, apprécié pour sa résistance.
Le mot « jeans » désignait donc à l’origine non pas un vêtement, mais une toile épaisse et très résistante faite de coton mélangé avec du lin ou de la laine, utilisée aussi pour des shorts, des vestes, des chemises et même des chapeaux. Aujourd’hui, le jeans authentique n’est plus confectionné avec ce tissu mais en denim. Un tissu généralement en pur coton, lui aussi résistant, mais surtout plus souple et plus agréable à porter.
Allons-nous chanter cocorico une nouvelle fois, puisqu’on lit partout que « denim » et « de Nîmes », c’est du pareil au même ? Quand le mot apparut en anglais à la fin du XVIIe, il désignait le « sergé de Nîmes », un tissu fabriqué précisément dans cette ville pour habiller les bergers et les paysans. Mais hélas, l’origine française du denim (le tissu, pas le nom) est controversée. C’est en denim que Levi Strauss préféra fabriquer le modèle de ses pantalons breveté avec le tailleur Davis pour ses rivets, en 1873. On a dit qu’il serait tombé par hasard sur un lot de tissu provenant de Nîmes, mais l’usine américaine qui fournissait Levi Strauss produisait elle-même un tissu nommé « denim ». Une autre objection, la plus répandue, est que le sergé de Nîmes était fait, non pas en coton mais d’un mélange de laine et de soie, matières provenant de la région. Il semblerait pourtant que cette fabrication nîmoise de serge ait employé celui-ci par la suite, au XVIIIe siècle.
En tout cas, trois hypothèses tiennent la route pour mettre en évidence la place du Made in France dans l’histoire du denim.
S’il est français par son nom, ce serait parce que les fabricants anglo-saxons auraient trouvé cette appellation plus prestigieuse : après tout, le nom jeans aussi n’a plus rien à voir avec Gênes, et cette hypothèse met en évidence la réputation de notre pays en matière de fabrication !
Ou bien, le denim serait le descendant du sergé originel de Nîmes, dont les Anglais se seraient inspirés, en finissant par remplacer le mélange de laine et de soie par du coton dans la deuxième moitié du XVIIIe, avant d’être suivis par les Américains : on n’est pas si éloigné de l’histoire de Levi Strauss !
La troisième hypothèse complète la deuxième en l’expliquant par une influence plus directe, celle de protestants nîmois. La famille André est connue par le musée parisien « Jacquemart-André », mais aussi pour avoir contribué à l’exportation de la production nîmoise. Pour échapper aux persécutions religieuses du XVIIe siècle, une partie de cette famille continua son activité … à Gênes (la boucle est bouclée). D’autres protestants s’exilèrent en Angleterre et aux États-Unis, y apportant leur savoir-faire … ainsi que la toile de Nîmes.
Et même s’il faut rendre à Levi Strauss ce qui lui appartient, saviez-vous que dès la fin du XIXe, un pionnier du jean cocorico, Célestin Tuffery, utilisait la toile de Nîmes pour fabriquer notamment des pantalons de travail teints à l’indigo, destinés aux ouvriers employés à la construction du chemin de fer des Cévennes ?
Fourchette de prix : 75.00 € à 450.00 €.