Étant à l’origine des espèces de chaussettes portées sous les chaussures, les chaussons ont fini par être conçus comme des chaussures d’intérieur, assez souples et légères pour qu’on s’y sente à l’aise chez soi. Le summum de ceconfort, c’est la pantoufle, nom donné à une variété de chaussons : c’est théoriquement un chausson bas, sans tige et sans talon. Dérivée de la babouche orientale, la pantoufle est arrivée en Europe au 15ème siècle. L’origine la plus probable du mot est le vieux français : « pan » (bout de tissu) et « ouffle » (objet gonflé) ? Avec un nom si imagé et si approprié à leur utilisation, les pantoufles étaient faites pour apporter du confort aux pieds des paysans à l’intérieur de leurs sabots, en remplaçant avantageusement la paille. Dès le Moyen-Âge donc, les pantoufles artisanales Made in France étaient appréciées et ont commencé à se diffuser dans les foyers, portées d’abord par les femmes puis progressivement par les hommes et les enfants. Ces chaussons doux et chauds n’ont pas tardé à donner naissance à des expressions comme « avoir l’humeur pantouflarde », à propos des gens qui ont envie de rester tranquillement chez eux.
La plus ancienne fabrique de pantoufles en France (et la plus importante à son apogée) date de 1795 : les Établissements Amos, situés en Alsace, ont dû fermer en 1987, à cause notamment de la concurrence asiatique. Et la vraie charentaise, qui représente le summum de la pantoufle, aurait pu disparaître également … mais c’est une autre histoire !
Dans la famille des pantoufles, c’est en Charente que sont nées il y a quatre siècles les bien nommées et devenues célèbres… charentaises. Pourquoi donc en Charente ? Les moulins installés le long du fleuve et de ses affluents fabriquaient entre autres du papier et du feutre (issu de la laine). Ce dernier servait à sécher le papier, et les paysans qui travaillaient occasionnellement dans les papeteries se mirent à utiliser ses chutes et rebuts en guise de semelles -bien plus chaudes et confortables que la paille- dans leurs sabots. Cet usage fut développé et perfectionné par des savetiers (cordonniers de l’époque), qui non seulement confectionnèrent des semelles rigides de cette façon, mais les complétèrent sur le dessus et les côtés, par d’autres chutes et rebuts d’un feutre issu quant à lui de la confection d’uniformes par l’industrie textile. En somme, la charentaise est née d’un upcycling avant l’heure ! D’autres atouts lui furent trouvés au XVIIIe siècle : elle permettait aux domestiques de marcher silencieusement, tout en lustrant les parquets au cours de leurs déplacements. De ses origines, cette pantoufle garde la languette destinée à protéger le cou-de-pied du contact des sabots de bois, mais elle a perdu sa couleur noire, qui fut remplacée dans un premier temps par un écossais du plus bel effet, d’après une idée que Théophile Rondinaud aurait eue en 1907. La fabrication de la charentaise, toujours à partir de la récupération de feutre, se développa vers 1880 dans des ateliers de la région d’Angoulême, et bien davantage au début du XXe siècle, avec l’apparition d’une industrie du feutre à pantoufles (le déclin dramatique des industries traditionnelles imposait de diversifier l’activité économique). Elle bénéficiera après la Deuxième Guerre mondiale d’une évolution de sa fabrication et de sa commercialisation, grâce à deux industriels de La Rochefoucauld. André Chaignaud invente le tissu collé double face, qui rend ses feutres plus solides et moins chers. Parmi ses clients, James Rondinaud, qui avait transformé l’atelier de cordonnerie de son père en une véritable usine, assure à la charentaise un succès national et international en modernisant son look et en assurant sa promotion. L’apogée de la vraie Charentaise se situe dans les années 60. À partir des années 70, elle subit la concurrence des produits asiatiques, avec des techniques d’assemblage qui n’ont plus rien d’artisanal, des matières synthétiques et des prix bas, et cela entraîne la fermeture de très nombreux ateliers. Mais la vraie charentaise a fait de la résistance, malgré son image plan-plan … ou plutôt grâce à elle. Les efforts obstinés de fabricants pour maintenir la filière, notamment en se regroupant, n’auraient pas réussi à la sauver sans une inversion de tendance providentielle ! Elle est devenue tendance grâce aux deux confinements et au développement du télétravail : en augmentant le besoin de tenues confortables, ils ont eu raison des réticences dues à son image vieillotte, d’ailleurs dépassée grâce à l’inventivité bien française de fabricants et de créateurs qui ont su la revisiter. En 2020, les ventes de chaussons en France ont augmenté de 11%, leur progression s’est accélérée en 2021 et la demande de charentaises a atteint des sommets, si bien que pour Noël, la fabrication a eu du mal à répondre à la demande !
À part les ballerines, destinées aux femmes, il n’y a plus de modèlesexclusivement masculins ou féminins. Les mules, un grand classique masculin, existent aussi pour les femmes, avec un talon plus ou moins haut. D’ailleurs, certains modèles comme les charentaises du Slip français et d’Ector sont mixtes, par tradition, mais aussi pour éviter la surproduction, préoccupation affirmée des marques écoresponsables. On peut même dire que la différence entrechaussures et chaussons tend à disparaître, en même temps que la distinction entre tenue d’intérieur et tenue d’extérieur. Des marques telles qu’Unsibeaupas conçoivent des modèles de chaussons qui permettent de sortir dans la rue, grâce au revêtement extérieur de la semelle qui ne craint pas l’humidité. D’un autre côté, des modèles de chaussures sont détournés pour servir de chaussons. C’est ainsi que ces messieurs adorent traîner en espadrilles (au sens propre : ils n’y enfoncent pas leurs talons !), en claquettes ou en tongs, et que ces dames trouvent plus élégant de porter des sandales, par exemple celles de la marque Méduse, aussi confortables que belles. Si vous cherchez des chaussons souples d'intérieur ou d'extérieur pour bébé, enfant ou femme, un large choix de motif et couleurs jusqu'à la pointure 42 vous attend chez Les Pas Petits.
Les chaussons se distinguent par la façon dont ils tiennent le pied. Si vous voulez qu’ils l’enveloppent, vous avez le choix entre les charentaises et les espadrilles. Mais si vous craignez d’avoir froid aux pieds, ce sont les charentaises qui sont faites pour vous, surtout celles doublées de laine du Slip français ou de Jules et Jenn. Les inconditionnel(le)s des mules, qui ne tiennent que l’avant du pied, peuvent aussi avoir chaud, grâce à un modèle d’Unsibeaupas lui aussi doublé de laine ! Quant aux claquettes, elles tiennent le pied par le milieu.
Les chaussons Made in France sont assez élégants pour vous permettre de les garder quand vous recevez … même les charentaises, qui existent dans des styles très différents et sont devenues tendance ! L’effet produit dépendra du motif de vos chaussons et de leur matière : cuir, feutre, toile… Mention spéciale aux chaussons vraiment classe (en feutre recyclé) de la marque Ector et aux mules d’Unsibeaupas, dans lesquelles vous n’aurez pas l’air d’un traîne-savate… de cuir, grâce à l’élégance de la semelle en corde traditionnelle d’espadrille.
Il paraît que rien n’est meilleur pour la santé que de marcher pieds nus (même dehors !), mais puisque vous ne pouvez pas vous passer de chaussons (notamment pour votre look !), ne négligez pas certaines précautions : il vaut mieux faire attention à la semelle. Préférez une semelle antidérapante, surtout si vous avez un escalier (plusieurs marques françaises y ont pensé, avec de la résine ou du caoutchouc) et d’une épaisseur suffisante.
L’éventail des tailles disponibles permet à chacune et chacun de trouver chausson à son pied, certaines marques chaussant du 35 au 47 comme Ector.
Comptez entre 45€ et 65 € pour une paire de pantoufles ou de chaussons français. Un budget raisonnable, vu la durabilité des modèles, fabriqués avec des matières rigoureusement sélectionnées, et l’engagement pour la « slow fashion » des marques françaises, qui essayent de concilier la mode et la défense de l’environnement. Plutôt que la quantité, la conception et la fabrication des produits privilégient la qualité d’un savoir-faire artisanal, certains modèles étant entièrement faits main. La valeur de la technique traditionnelle du cousu-retourné explique que la vraie charentaise (confectionnée par 13 personnes !) se situe dans le haut de la fourchette des prix : ses différentes parties sont assemblées en étant cousues sur l’envers (y compris la semelle, au lieu d’être simplement collée), puis la pantoufle est retournée.
Fourchette de prix : 19.00 € à 85.00 €.